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10th NLS Congress
Tel Aviv, 16 & 17 June 2012
Reading a Symptom
« J'ai à vous révéler le titre du prochain congrès de la NLS, à vous le justifier et à présenter à ce propos quelques réflexions qui pourront vous servir de repères pour la rédaction des travaux cliniques qu'il appelle.* (...) La question était (...) de déterminer quel accent, quelle inflexion, quelle impulsion donner au thème du symptôme. J'ai pesé ça en fonction de mon cours que je fais à Paris toutes les semaines, où je m'explique avec Lacan et la pratique de la psychanalyse aujourd'hui, cette pratique qui n'est plus tout à fait, peut-être plus du tout celle de Freud. Et deuxièmement j'ai pesé l'accent à donner au thème du symptôme en fonction du lieu, Israël. Et donc, tout bien pesé, j'ai choisi le titre suivant : lire un symptôme, to read a symptom. Ceux qui lisent Lacan ont sans doute ici reconnu un écho de son propos dans son écrit « Radiophonie » que vous trouvez dans le recueil des Autres Écrits page 428. Il souligne là que le juif est celui qui sait lire. C'est ce savoir lire qu'il s'agira d'interroger en Israël, le savoir lire dans la pratique de la psychanalyse.
(...)
La psychanalyse n’est pas seulement affaire d’écoute, listening, elle est aussi affaire de lecture, reading. Dans le champ du langage sans doute la psychanalyse prend-elle son départ de la fonction de la parole mais elle la réfère à l’écriture. Il y a un écart entre parler et écrire, speaking and reading. C’est dans cet écart que la psychanalyse opère, c’est cette différence que la psychanalyse exploite.
(...)
Il s’agit pour moi de mettre en valeur les limites de l’ontologie, de la doctrine de l’être. (...) Ma thèse, c’est que le niveau de l’être appelle, nécessite un au-delà de l’être. (...) Le langage est cette fonction qui fait être ce qui n’existe pas. (...) Le réel, ce serait si l’on veut un être mais qui ne serait pas être du langage, qui serait intouché par les équivoques du langage, qui serait indifférent [au semblant], au make believe.
(...)
C’est à propos du symptôme que la question devient brûlante de penser la corrélation, la conjonction du vrai et du réel. En ce sens, le symptôme est un Janus, il a deux faces, une face de vérité et une face de réel. Ce que Freud a découvert et qui a été sensationnel en son temps, c’est qu’un symptôme ça s’interprète comme un rêve, ça s’interprète en fonction d’un désir et que c’est un effet de vérité. Mais il y a, comme vous savez, un second temps de cette découverte, la persistance dusymptôme après l’interprétation, et Freud l’a découverte comme un paradoxe. (...) Notre pratique va au-delà du point que Freud considérait comme fin del’analyse. (...) On passe bien sûr par le moment du déchiffrage de la vérité du symptôme, mais on arrive aux restes symptomatiques et là on ne dit pas stop. L’analyste ne dit pas stop et l’analysant ne dit pas stop. L’analyse, dans cette période, est faite de la confrontation directe du sujet avec ce que Freud appelait les restes symptomatiques et auxquels nous donnons un tout autre statut. Sous le nom de restes symptomatiques Freud a buté sur le réel du symptôme, sur ce qui, dans le symptôme, est hors-sens.
(...)
Déjà dans Inhibition, symptôme et angoisse, au second chapitre, Freud caractérisait le symptôme à partir de ce qu’il appelait la satisfaction pulsionnelle, « comme le signe et le substitut (Anzeichen und Ersatz) d’une satisfaction pulsionnelle qui n’a pas eu lieu ». (...) C’est évidemment deux chapitres et l’ensemble du livre qui sont à travailler dans la perspective du prochain congrès. (...)
Ce qui distingue le corps de l’être parlant, c’est que sa jouissance subit l’incidence de la parole. Et précisément un symptôme témoigne qu’il y a eu un événement qui a marqué sa jouissance au sens freudien de Anzeichen et qui introduit un Ersatz, une jouissance qu’il ne faudrait pas, une jouissance qui trouble la jouissance qu’il faudrait, c’est-à-dire la jouissance de sa nature de corps. Elle est produite par le signifiant. Et c’est précisément cette incidence signifiante qui fait de la jouissance du symptôme un événement, pas seulement un phénomène. (...) Cette jouissance n’est pas primaire mais elle est première par rapport au sens que le sujet lui donne, et qu’il lui donne par son symptôme en tant qu’interprétable.
(...)
Ce qu’on écoute en fait c’est toujours le sens, et le sens appelle le sens. Toute psychothérapie se tient à ce niveau-là. Ça débouche toujours en définitive sur ceci que c’est le patient qui doit écouter, écouter le thérapeute. Il s’agit au contraire d’explorer ce qu’est la psychanalyse et ce qu’elle peut au niveau proprement dit de la lecture, quand on prend de la distance avec la sémantique – là je vous renvoie aux indications précieuses qu’il y a sur cette lecture dans l’écrit de Lacan qui s’appelle « l’Etourdit » et que vous trouvez dans les Autres Ecrits page 491 et suivantes, sur les trois points de l’homophonie, de la grammaire et de la logique. La lecture, le savoir lire, consiste à mettre àdistance la parole et le sens qu’elle véhicule à partir de l’écriture comme hors-sens, comme Anzeichen, comme lettre, à partir de sa matérialité. Alors que (...) l’interprétation qui se tient purement au niveau de la parole ne fait que gonfler le sens, la discipline de la lecture vise la matérialité de l’écriture, c’est-à-dire la lettre en tant qu’elle produit l’événement de jouissance déterminant la formation des symptômes. Le savoir lire vise ce choc initial, qui est comme un clinamen de la jouissance – clinamen est un terme de la philosophie des stoïciens.
Pour Freud, comme il partait du sens, ça se présentait comme un reste, mais en fait ce reste, c’est ce qui est aux origines même du sujet, c’est en quelque sorte l’événement originaire et en même temps permanent, c’est-à-dire qu’il se réitère sans cesse. (...) L’addiction c’est la racine du symptôme qui est fait de la réitération inextinguible du même Un. (...) C’est en ce sens que Lacan a pu dire qu’un symptôme c’est un et cætera. C’est-à-dire le retour du même événement. (...)
L’interprétation comme savoir lire vise à réduire le symptôme à sa formule initiale, c’est-à-dire à la rencontre matérielle d’un signifiant et du corps, c’est-à-dire au choc pur du langage sur le corps. Alors, certes pour traiter le symptôme il faut bien en passer par la dialectique mouvante du désir, mais il faut aussi se déprendre des mirages de la vérité que ce déchiffrage vous apporte et viser au-delà la fixité de la jouissance, l’opacité du réel. Si je voulais le faire parler, ce réel, je lui imputerais ce que dit le dieu d’Israël dans le buisson ardent, avant d’émettre les commandements qui sont l’habillage de son réel : ‘ je suis ce que je suis’.»
*Jacques-Alain Miller, extraits de sa « Présentation du thème du Congrès de la NLS 2012 » au Congrès de Londres, le 3 avril 2011.
Le texte intégral paraît en français dans la revue Mental n° 26 et en anglais dans Hurly Burly n° 6.
***
Le texte de présentation de Jacques-Alain Miller nous servira de base de travail pour développer plusieurs axes : le devenir du symptôme dans l’analyse (le symptôme au début et le symptôme à la fin), le symptôme déchiffrable et le sinthome non déchiffrable, l’interprétation (versant du sens) et la lecture (versant de la lettre), la singularité (un symptôme) et les types de symptômes (hystérique, obsessionnel, psychotique, les dits nouveaux symptômes...). Nous lirons Freud et Lacan, dans les pas de Jacques-Alain Miller qui relit le Lacan des formations de l’inconscient à partir de son dernier enseignement – ce qui ne rend pas le premier caduque et ne nous dispense pas de faire ce parcours à nos propres frais, en y mettant du nôtre dans la lecture. Une bibliographie succincte et des textes de référence seront mis en ligne tout au long de l’année de préparation au Congrès : www.amp-nls.org
Anne Lysy
10th NLS Congress
Tel Aviv, 16 & 17 June 2012
Reading a Symptom
“It falls to me to reveal the title of the next Congress of the NLS, to justify it before you and set out a fewpoints of reflection that will be able to serve as markers when it comes to writing up the clinical texts this title calls for. * (...) The question was (...) one of determining what kind of stress, inflexion and impetus to be given to the theme of the symptom. I’ve weighed this up by drawing on the Course I give in Paris each week, where I examine Lacan and the practice of psychoanalysis today, this practice no longer being altogether that of Freud. Indeed, perhaps it is not at all that of Freud. Secondly, I weighed up the stress to be given to the theme ‘the symptom’ with regard to the place, Israel. And thus, all things considered, I have chosen the following title: Reading a Symptom. Those who read Lacan have no doubt recognised an echo of his remark in ‘Radiophonie’ that you will find on page 428 of the collection Autres écrits. He underlines that the Jew is ‘he who knows how to read’. This knowing how to read is what will be examined in Israel, knowing how to read in the practice of psychoanalysis.
(...)
Psychoanalysis isn’t simply a matter of listening, it is also a matter of reading. In the field of language, psychoanalysis doubtless finds its point of departure in the function of speech, but it refers it to writing. There is a gap between speaking and reading. Psychoanalysis operates in this gap. It exploits this difference.
(...)
For me, it is a question of highlighting the limits of ontology, the doctrine of Being. (...) My thesis is that the level of Being calls upon, necessitates, a beyond of Being. (...) Language has the function of bringing that which doesn’t exist into Being. (...) The real would be, as it were, a Being, but one that would not be a Being of language, one that would be untouched by the equivocations of language, one that would be indifferent to make-believe.
(...)
It is with regard to the symptom that we meet the burning question as to the correlation, the conjunction between the true and the real. In this sense, the symptom is Janus-like, two-faced, with a face of truth and a face of the real. What Freud discovered, and which was sensational at the time, was that a symptom can be interpreted like a dream, that it can be interpreted in accordance with a desire, and that it is a truth-effect. But, as you know, there is a second phase to this discovery: the symptom’s persistence after interpretation. Freud uncovered this as a paradox. (...) Our practice goes beyond the point Freudconsidered to be the end of analysis. (...) Of course, one passes through the moment of deciphering the truth of the symptom, but one gets to the symptomatic remainders and refrains from saying ‘stop’. The analyst doesn’t say ‘stop’ and nor does the analysand. During this period, the analysis consists in the subject’s direct confrontation with what Freud called symptomatic leftovers, and to which we give an altogether different status. Under the name of symptomatic leftovers, Freud came up against the real of the symptom. He came up against that which in the symptom falls wide of meaning.
(...)
Back in the second section of ‘Inhibitions, Symptoms and Anxiety’, Freud was already characterising the symptom on the basis of what he called drive satisfaction, ‘as a sign of, and a substitute for [Anzeichen und Ersatz], a drive satisfaction which has remained in abeyance.’ (...)These two sections, along with the article as a whole, clearly need to be worked on with an eye to the next Congress. (...)
What singles out the body of the speaking being is the fact that his jouissance feels the impact of speech. Indeed, asymptom vouches for the fact that there has been an event that has marked his jouissance in the Freudian sense of Anzeichen, which introduces an Ersatz, a jouissance there ought not to be, a jouissance that troubles the jouissancethere ought to be, i.e. jouissance of its nature as a body. It is produced by the signifier. It is precisely this impact of the signifier that makes the symptom an event, and not simply a phenomenon. (...) This jouissance is notprimary, but it is primary with regard to the meaning the subjects gives it, and which he gives it through his symptom in as much as it can be interpreted.
(...)
In fact, what we listen for is always meaning. And meaning calls for more meaning. All the different psychotherapies stick at this level. They always wind up with thepatient having to listen to the therapist. For us, on the contrary, it is amatter of exploring what psychoanalysis is and what it can do at the level of reading strictly speaking, when one distances oneself from semantics. Here I would refer you to the precious indications on reading that can be found in Lacan’s text ‘L’Étourdit’, which you will find on page 491 and after, on the three knotting points of homophony, grammar and logic. Reading, knowing how to read, consists in putting distance between speech and the meaning itcarries, based on writing as outside-meaning, as Anzeichen, as letter, based on its materiality. Whilst (...) the interpretation that stays purely at the level of speech only swells up meaning, the discipline of reading targets the materiality of writing, i.e. the letter in so far as it produces the event of jouissance that is decisive for the formation of symptoms. Knowing how to read targets this initial shock, which stands as something like a clinamen of jouissance – clinamen is a term from the philosophy of the Stoics.
For Freud, since he started off from meaning, this presented itself as a leftover, but in fact this leftover is what lies at the very origin of the subject. It is, in a way, the original eventand, at the same time, a permanent event, one that is ceaselessly reiterated. (...) Addiction lies at the root of the symptom which is made from the reiteration of the same One. (...) It was in this sense that Lacan said the symptom is an et cetera, the return of the same event. (...)
Interpretation as knowing how to read aims at reducing the symptom to its initial formula, i.e. the material encounter between a signifier and the body, the pure shock of language on the body. So, admittedly, to treat the symptom you have to pass through the shifting dialectic of desire, but you also have to rid yourself of the mirages of truth that this deciphering brings you and aim beyond, at the fixity of jouissance and the opacity of the real. If I wanted to make this real speak, I would impute to it what the God of Israel says out of the midst of the burning bush, before issuing the commandments that clothe His real: I AM THAT I AM. ”
*Jacques-Alain Miller, extracts from his ‘Presentation of the Theme for the Tenth Congress of the NLS’, delivered at the NLS Congress in London, 3 April 2011.
The text in full will appear in the journal Mental 26 in French, and in English translation in Hurly Burly 6
(Translated from the French by Adrian Price)
The text of Jacques-Alain Miller’s presentation will serve as our basis for work in developing several axes: what becomes of the symptom in analysis (the symptom at the beginning and at the end); decipherable symptom and the non-decipherable sinthome; interpretation (on the side of meaning) and reading (on the side of the letter); singularity (a symptom) and types of symptoms (hysteric, obsessional, psychotic, the so called new symptoms…). We read Freud and Lacan, in the footsteps of Jacques-Alain Miller who re-reads the Lacan of the formations of the unconscious from the vantage point of Lacan’s last teaching – which does not make the former obsolete and does not save us from going on this route ourselves, by putting ourselves into the reading. A short bibliography and reference texts will be put online throughout the year of preparation for the Congress: www.amp-nls.org
Anne Lysy
(translated by Natalie Wulfing)
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